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... Lénouche ...
20 novembre 2006

Concert de mots et d'histoire.

vendredifest2005_perret_2011

Ca fait deux heures que je me demande "est-ce que je poste ou pas?". Mais en fait, j'ai eu le tilt tout à l'heure. Vous savez, exactement comme la petite lumière qui s'allume quand on a une idée de génie. Mais sauf que mon idée, elle, elle n'a rien de génial.

C'est curieux, parce que j'ai eue la dite idée environ deux heures, ou peut-être plus avant de lire le mail. Et là, merde, ça se contredit. Et non, en fait ça se complète.
Je ne vous citerai pas l'intégralité de ma messagerie -qu'il faudrait d'ailleurs que je nettoie- , juste un morceau. Parce que.
"Tu commences à forger ta liberté [...] à sortir de ton appartement, de ta coquille, physiquement et surtout intellectuellement : l'avenir t'appartient...".

Bref. L'avenir se forge, sur le passé.

J'ai grandie bercée par une musique. Par une parole, et des notes. Je les ai retenues par coeur, et quand j'avais sept ans je me disais "un jour, je le verrai". Le jour , il est arrivé. Douze ans après. Douze ans et des pâquerettes.
J'ai grandi bercée au rythme de Pierre Perret, je l'écoutais en boucle, tout le temps. Toujours les mêmes chansons que je n'ai comprises qu'en les réécoutant des années après.

Juste. Juste un tour d'horizon du chanteur qui me permettait d'aller à l'autre bout du monde, à cent lieues et lieux de mon quotidien.

vendredifest2005_pierre_20perret_2012

Mon P'tit loup

{Refrain:}
T'en fais, pas mon p'tit loup,
C'est la vie, ne pleure pas.
T'oublieras, mon p'tit loup,
Ne pleur' pas.

Je t'amèn'rai sécher tes larmes
Au vent des quat' points cardinaux,
Respirer la violett' à Parme
Et les épices à Colombo.
On verra le fleuve Amazon'
Et la vallée des Orchidées
Et les enfants qui se savonn'nt
Le ventre avec des fleurs coupées.

{Refrain}

Allons voir la terre d'Abraham.
C'est encore plus beau qu'on le dit.
Y a des Van Gogh à Amsterdam
Qui ressemblent à des incendies.
On goût'ra les harengs crus
Et on boira du vin d'Moselle.
J'te racont'rai l'succès qu'j'ai eu
Un jour en jouant Sganarelle.

{Refrain}

Je t'amèn'rai voir Liverpool
Et ses guirlandes de Haddock
Et des pays où y a des poul's
Qui chant'nt aussi haut que les coqs.
Tous les livres les plus beaux,
De Colette et d'Marcel Aymé,
Ceux de Rab'lais ou d'Léautaud,
Je suis sûr qu'tu vas les aimer.

{Refrain}

J't'apprendrai, à la Jamaïque
La pêche' de nuit au lamparo
Et j't'emmènerai faire un pique-nique
En haut du Kilimandjaro
Et tu grimperas sur mon dos
Pour voir le plafond d'la Sixtine.
On s'ra fasciné au Prado
Par les Goya ou les Menine.

{Refrain}

Connais-tu, en quadriphonie,
Le dernier tube de Mahler
Et les planteurs de Virginie
Qui ne savent pas qu'y a un hiver.
On en a des chos's à voir
Jusqu'à la Louisiane en fait
Où y a des typ's qui ont tous les soirs
Du désespoir plein la trompett'.

T'en fais pas, mon p'tit loup,
C'est la vie, ne pleur' pas.
Oublie-les, les p'tits cons
Qui t'ont fait ça.
T'en fais pas, mon p'tit loup,
C'est la vie, ne pleur' pas.
J't'en supplie, mon p'tit loup,
Ne pleure pas.

Peut-être la première retenue. Et peut-être celle que j'ai compris le plus tard.
Peut-être aussi la plus écoutée, la plus...
Peut-être parce qu'un jour, aussi, j'ai eu l'espoir. Peut-être parce que je l'ai réécoutée quand des gens m'ont appelée "mon p'tit loup", parce que la petite lumière s'était allumée dans ma tête comme sur le flipper pour faire tilt. Peut-être parce que j'ai compris, compris qu'un jour j'y aurais droit à mon pique-nique en haut du Kilimandjaro. En partant loin, en restant là.
Ma liberté. L'avenir, se l'approprier. Le Kilimandjaro, peut-être qu'un jour il viendra à moi.

vendredifest2005_pierre_20perret_2011_20bis

Le Trophée.

Je viens ce soir pour ma récompense
J'avais dit-on des chances infimes
Modestement j'ai eu je le pense
Un coup de génie en tournant ce film
Je remercie l'équipe toute entière
Et le chauffeur de ma limousine
Les gars du son et ceux de la lumière
Et Marie-Jo qui a fait le casting
Je remercie l'auteur ma femme et mon agent
Et ma maman qui m'a fait si intelligent

Je n'oublie pas mon metteur en scène
Qui était cassé du matin au soir
Ni les baisers de la star italienne
Qui aimait mieux l'ail que les carambars
Les essayages de la costumière
Qui essayait tout jusqu'à mon divan
Je remercie ma doublure lumière
Qui se les gelait dans le mauvais temps
Je remercie la scripte le chef opérateur
La maquilleuse et bien sûr la main du masseur

Je remercie la femme de ménage
Qui me dégottait mes barbituriques
Le producteur qui trouvait dommage
Que les scènes de viol manquent de comique
Merci encore de l'aide si précieuse
De l'assistant qui gardait mon chien
Et du soutien dans les heures creuses
De la monteuse qui montait si bien
Je remercie Carmen la gardienne Andalouse
Et sa belle-sœur qui posait si bien les ventouses

Je remercie l'habileté certaine
Du stomato qui a fait mes fausses dents
Celle du cadreur qui a eu tant de peine
A faire entrer ma tête dedans
Je remercie mon attaché de presse
Et le public qui m'ont dit génial
Même le critique qui écrit sans tendresse
Que je serai mieux dans le rôle du cheval
Merci aux photographes aux membres du jury
Et au coiffeur qui m'appelait toujours mon chéri

Ce beau trophée enfin je le partage
Avec mon psy qui est mort d'épuisement
Ma partenaire fumace qu'au montage
On ai sucré la moitié de ses plans
Je serai ingrat d'en profiter seul
Et j'attribue leur part de gâteau
Aux nominés qui font tous la gueule
Aux cascadeurs qui sont à l'hosto
Je remercie encore ma femme et mon agent
Et ma maman qui m'a fait si intelligent


Là, c'est pour le plaisir. Le pur plaisir des yeux et des oreilles. Et de tous les sens. Putain, qu'est-ce que ça fait du bien de renverser les convenances !

vendredifest2005_pierre_20perret_203

Bercy Madeleine

La petite Madeleine que j'ai connue à Saint-Lazare
Je l'ai Choisy pour son superbe Corvisart
Elle avait le Saint-Placide et un sacré Buzenval
Elle avait tout un Arsenal
Je craignais que ce fût une Fille-Du-Calvaire
Auquel cas faut s'méfier du Chardon-Lagache
Et pour pas garder Lamarck L'eût fallu qu'jaille à Pasteur
Moi pour Suffren non Bercy

Elle me répond qu'elle s'en tamponne le Froissart
Vu qu'elle avait plusieurs amants qui la Courcelles
Le Père-Lachaise Louis-Blanc Bolivar Richard Lenoir
Ce qui fait avec George Cinq
J'suis Censier avoir un beau Menilmontant
Et comment obligado son Beaugrenelle
J'y propose la Botzaris elle se porte Volontaires
Et précise-t-elle j'ai Sablons

C'est la Gaîté nous Levallois dans mon Dupleix
Elle me dit Issy je vis avec Etienne-Marcel
Que tu me Défense le Sentier que tu prennes la Chapelle
De Toute Façon Marcel-Sembat
Elle se met Sully présente la Tour-Maubourg
Mais je descends aussitôt à Poissonnière
Là le nez me Châtillon ça sentait le Caulaincourt
Bref j'étais pas à Bel-Air

Prêts au Combat enfin nous nous dé-Mabillon
Mais Passy vite qu'elle me dit vous Pernety
Avant d'éteindre la Laumière laisse-moi ôter mon Pantin
Espèce de pauvre Gambetta
Pour montrer que je n'suis pas un Invalides
Je lui Saint-Philippe-Du-Roule une Peletier monstre
Et d'un vieux coup de Rambuteau je lui arrache un cri Denfert
Ah quel Sulpice mes amis

Par malheur elle avait le Goncourt sa Motte-Piquet
Avouez qu'Saint-Cloud à s'Dugommier le Jules-Joffrin
Son p'tit Chaligny-Faidherbe était bien trop Billancourt
Elle demeurait une vrai Glacière
Elle Opéra un vrai changement la Réaumur
L'en Brochant en Chevaleret entre La Fourche
Et la Muette à l'Anvers aussitôt je lui Bourg-La-Reine
Jusqu'à temps qu'elle en Picpus

Vingt Dieux qu'Ségur t'as un Jourdain mais c'est Duroc
Que c'est Plaisance dit-elle en saisissant Montreuil
Elle me monge les Boulets Elle me Pompe le Boucicaut
Elle me Télégraphe un jour la Bonne-Nouvelle
Elle avait oublié de prend' sa Bastille
Elle attendait ses Ranelagh elle a eu la Butte-Chaumont
Et c'est le p'tit Edgar-Quinet


Pour les amateurs de métro, juste... Pour arpenter toutes les stations qu'on a foulées, pour partir, encore, loin.

J'avais dit je le verrai. Tout le monde avait ri, c'était pas mon époque.
Je l'ai fait, quand même. C'était pas mon époque, mais c'était une partie de mon histoire.

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