Non valabilité.
[Les courants d'air claquent des portes
Et pourtant aucune chambre n'est fermée
[...]
Les herbes ont poussé si bien qu'on n'en peut plus baissez la herse,
Aragon.]
Tout à l'heure, j'avais un truc dans la tête. J'ai voulu en parler, mais je ne sais plus ce que c'est. Alors j'en ai déduit que ça ne devait pas être très important. Mais au fond, je n'en suis pas sûre.
Dans le corps, il y a les cris, surtout, beaucoup. Les cris poussés -ou pas, mais aussi ceux entendus. Surtout ceux entendus. Comme encore l'image, ou la sensation qui vient se coller sur la vue de la gamine planquée sous un lit, qui ne veut pas entendre les cris. Et qui entend, malgré tout. Parce que ça traverse les murs.
Ou comme l'ado qui essaie de fermer ses oreilles. Pour ne pas avoir l'impression d'être la poubelle de l'adulte qui déverse tous ses trucs tristes, ou humiliants, ou effrayants. Mais la voix, malgré tout, qui arrivait jusqu'à la compréhension. Ou l'incompréhension, peut-être. Du trop abstrait.
Proust disait "longtemps je me suis couché de bonne heure". Cette phrase là, elle m'a toujours portée à méditer. Parce qu'elle veut tout dire.
Le passé composé marque une rupture. Ca ne sera plus jamais pareil, voilà ce qu'il suppose. Et avec le longtemps, il dit qu'une habitude est rompue. Alors on pense qu'il s'agit d'un truc important, et au bout de cinq mots on tombe de haut, en voyant qu'on parle de l'heure à laquelle on se couche.
Souvent, je pense "longtemps je me suis demandé ce que je devais ressentir". Et pourtant, dans ma version, il n'y a pas de vraie rupture. Juste une rupture dans la volonté, qui dit que je voudrais ne plus me poser la question. Mais pas de rupture dans les faits. Parce qu'elle reste, la question.
J'ai été triste, souvent. J'ai eu peur, aussi. Mais -chose étrange?-, je ne me souviens pas avoir ressenti quoi que ce soit quand elle me disait en voiture qu'elle allait se foutre en l'air, et la voiture et moi avec. J'imaginais plus le sort de la voiture, je crois. Comme insensibilisée, peut-être. Je ne sais.
Peut-être juste la bombe à retardement, qui n'explosait pas, au moment où.
J'écoute Aragon. Enfin presque. "Il n'y a pas d'amour heureux". Peut-être qu'il n'y a pas d'amour, tout simplement.
Le jour où j'ai demandé ce que c'est qu'être heureux, on m'a répondu "un jour tu ne souffriras plus, et ce jour là tu le sauras". J'ai dit que je n'étais pas sûre de reconnaître l'"heureux". Et on m'a dit que je ne pourrais pas me tromper. Je l'ai trouvée belle, cette réponse. Alors j'espère, toujours. Et j'attends.
A l'huma, il y a une rue qui s'appelle "Louis Aragon". J'ai dit qu'il fallait absolument que j'arrive à récupérer le panneau qui indique la sus-mentionnée rue. Melle A. est censée de couvrir -faire la courte échelle ? 'vais e viander-. Comme un souvenir, ou comme l'avenir.
Alors. Voilà. On finit toujours par voilà. Comme si tout pouvait se résumer comme ça. Mais ça ne conclue pas grand chose, je crois.
Peu à dire, alors voilà. Beaucoup à écrire, pourtant. Comme si fixer la vie faisait peur, des fois.
Monsieur-le-portable a rendu l'âme. A la boutique, ils m'ont dit qu'ils ne faisaient plus -feu- ce modèle, et ils m'en ont montré plein de "ultra sophistiqués et pas chers". J'en voulais un tout simple. Parce que je n'aime pas, changer de téléphone. Ou parce que j'ai du mal à vivre mon temps, peut-être.
J'ai dit que non, non, je n'avais pas besoin de la radio sur mon portable, mais que oui, je voulais bien le réveil. Et j'ai opté pour un téléphone qui semblait assez simple.
J'ai trouvé la fonction lecteur mp3 -inutile?-, dessus. Mais pas encore la fonction réveil.
Je n'aime pas changer de téléphone, alors pour ne pas trop changer, j'ai remis la même sonnerie, dessus. La torture n'est pas finie pour les oreilles, "Mourir pour des idées" format midi -et pas très juste- va encore sonner trois minutes à chaque message reçu -ou en tout cas jusqu'à ce qu'on lise le message-. Non, je ne voulais pas une sonnerie qui chante.
Mais question du jour, quand même. Ou comment aller du sud ouest au nord est de Paris en moins d'une demie-heure -ce qui a priori est absolument impossible-.
Je vois Melle S., jeudi. J'espère que je vais la reconnaître, cette fois. Mais ça fait plaisir.
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