Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
... Lénouche ...
20 juillet 2007

vrac.

untitled4

Une main gelée que l'on ose à peine tendre. Une vague, ou vaste image qui reste. Qui se superpose aux sons et aux voix entendues dix fois, cent fois. Peut-être plus.

Pas de chronologie. Parce que rien ne changeait vraiment selon les âges ou les années. Juste les larmes qui devenaient de plus en plus amères. Juste leur goût qui devenait de plus en plus étouffant. Juste les regards qui étaient de moins en moins supportables.
Les comptages de centimes en errant dans les rayons d'un supermarché. En serrant une petite boîte rectangulaire dans la poche, et en se demandant, pourquoi. Et en sortant finalement un tas de pièces rouges à la caisse, un paquet de gâteaux à la main. A douze ans, à quinze ans, qu'importe.

Fuir, c'était l'idée, la seule. En portant la tête haute dans le train, pour ne pas. Avant de se retrouver, dans le rien, encore. Peut-être. Sans rien oser demander.
S'asseoir dans un coin, se cacher, en attendant, juste. Sans savoir quoi. Sans oser tendre la main. Et en fuyant aux "dégage" des déjà installés. Ou en pleurant.

Des images, qui défilent. Juste.
Des retours en arrière et des je ne veux pas me souvenir. Des fuites en avant, aussi.

Spectatrice. Beaucoup. Des scènes redessinables à l'identique tant elles sont gravées. Des instants dehors. Des je ne peux pas dire, aussi. L'angoisse. Le fil prêt à se rompre, tout le temps.
Ivresse du non-devenir. C'était ça, je crois. L'hiver il faut marcher. Je ne dirai jamais mendier. Pour trois sous, pour rien. Pour un minimum, ou pour ce qui devenait un luxe. Perte des notions, ou des repères. Mais je ne disais jamais.
Je pensais juste à la douleur et aux bras tailladés la veille, pour virer le désespoir étouffant. Sans entendre les cours d'allemand. En refoulant les larmes, et en baissant les manches.

Le manteau tendu, une fois. "Tu vas geler". Non, je n'avais pas froid. Par rapport à d'autres fois. Je ne pouvais juste plus bouger. Parce que l'angoisse, ou la fatigue. Ou la prison invisible. Ou je ne sais pas.
Le manteau mis, juste. Et les trois mots, tu vas geler. Sans conclusion.

Jeunesse d'adulte, ou de rien. Pas d'humain. La peur au ventre, tout le temps. De la violence, et du rejet. Ou de l'indifférence. Du cocktail explosif qui imprime des cicatrices profondes à l'intérieur du corps. Qui grave des images de soi que l'on n'oublie jamais.
Des errances sans fin dans les rues, à toutes les heures. En attendant que le temps passe. En apprenant à ne plus avoir froid.
Une non-réponse, toujours, aux "tu n'as pas eu d'enfance". Juste un sourire forcé et un "c'est pas grave" auquel on ne croit pas. Avec un accent de sanglots dans la voix. Mais on ne dit pas. Je ne disais pas, jamais. Juste voir le par terre et ignorer les chaises. Jusqu'à les refuser. Pas le droit.

La vie derrière un rideau. Et les angoisses gravées. Une honte, je crois. De ne plus être humain.

Publicité
Commentaires
... Lénouche ...
Publicité
Archives
Derniers commentaires
Publicité