fantôm(atique?).
L'ombre de son soi. Ou de soi-même.
L'impression latente, accablante, de n'être plus ce corps. De ne l'avoir jamais été. L'impression surtout de tomber en morceau, et de compter les restes. Sans les retrouver. Comme un fantôme.
Comme si traverser les murs pouvait aider à se tenir debout. Ou le tout à prendre du sens.
Parce que. Parce que je ne reconnais plus les cernes dans le miroir. Parce que je voudais le casser.
Parce que les gestes de survie restent automatiques. Comme un fantô-tomatique. Ou comme un rien qui disparaît.
Je me dis que je ne sais plus. Que je ne veux plus répondre aux questions, que je ne veux plus m'en poser.
Je me dis que je voudrais casser tous les miroirs, et que j'ai des larmes qui coulent au fond de moi. Des larmes qui ne sortent pas.
J'ai pensé. Et je ne pense plus. Je ne veux plu avoir faim, mais je ne veux plus manger. Je ne veux plus ressentir la fatigue et je ne veux plus dormir.
Parfois, je me dis que je suis trop exigente. Avec moi-même. D'autres fois que je me laisse aller. Mais le plus souvent, je n'arrive même plus à juger.
Comme un fantôme. Ou comme des larmes.
Je doute. Trop. Je réponds en souriant, et je pleure. En moi. C'est en dehors que je souris, toujours. Et j'appréhende.
Je me dis je n'ai pas le droit. Celui d'avoir mal. Alors je pense que je n'ai pas mal, mais je sais que c'est faux.
Je n'aime pas le monde comme il est, mais je me dis qu'il ne changera pas d'un seul coup.
La société m'énerve, la logique de la société me dépasse. Parce que je comprends trop.
Je doute, toujours.
Je n'aime pas la vie, mais je la veux. J'aime la vie, mais je n'aime pas celle que je vis. Je ne sais plus, et je ne veux plus savoir.
Je me demande si je ne me suis pas trompée d'avenir. J'ai des envies, mais je les tais. Parce que j'ai peur. Parce que c'est utopique.
On dit souvent quand j'étais petite, je pense quand j'étais plus grande.
Je me souviens de la première fois où je suis montée sur la Tour Eiffel. J'avais douze ans, ou moins. J'ai regardé vers l'est, et j'ai pleuré. Avant de rejoindre l'amie et la famille, et de sourire. En pensant que je ne voulais pas quitter Paris.
Personne n'a su ces larmes. Personne n'a su que je pensais au périph' en rouge et jaune la nuit, au troisième étage de la Tour Eiffel. Et que je m'en foutais de Nôtre Dame.
Ce jour là, j'ai compris que je comprenais trop. Que je ressentais trop.
Ce jour là, je suis devenu mon fantôme. J'avais onze ans, je crois. Je ne sais plus, et je m'en fous.
Ce jour là, j'ai su que j'étais déjà devenue un fantôme. J'ai compris que je n'avais pas le choix, j'ai tout compris. Mais je n'ai compris que plus tard, que j'avais tout compris en regardant vers l'est sur la Tour Eiffel.