Na 'ste kala !...

Où est le problème ? La question, parfois, qui vient.

Difficile d'être objectif. Difficile de récapituler. Sans délayer, en allant droit au but. Et sans s'esquiver. Ou esquiver.
Difficile de savoir comment commencer.

J'ai dormi trente-six heures et on m'a prise pour une dorguée dans la rue. Parce que. Une nuit en trop, u trop d'angoisse. Et du théralène, avalé, sans réfléchir.
Parce que je savais que cette merde assomait. Parce que sur le coup je m'en suis foutue, parce que je voulais juste dormir. Juste ne pas penser, un peu. Finalement, ce fut beaucoup. Dans le cirage pendant deux jours. Ou deux jours tout simplement pas vus. C'était quoi, dimanhe, déjà ?
Ne plus savoir où on est au réveil. Ne plus savoir quand on est, pourquoi on y est. Savoir juste la souffrance latente qu'on ressent encore, au fond. Et se dire merde, et se lever, et voir tout continuer, comme toujours. Où est le problème ? Je vais bien.

Quand on m'a demandé pourquoi j'avais l'air triste, il y a une semaine, j'ai fait un grand sourire en disant "ça va" et j'ai fondu en larmes. J'étais juste fatiguée. Juste affamée, épuisée, juste trop faible.
Quand on m'a demandé la date de mon dernier repas, je n'ai pas su répondre. J'ai réfléchi, et j'ai dit que je ne savais pas, en baissant les yeux. J'ai pensé que j'avais faim, mais que je n'avais pas la force de manger. Et qu'en même temps je voulais disparaître, que je ne voulais plus qu'on me voie. Que je voulais m'effacer, que le corps s'efface.
Mais où est le problème ? Je vais bien.

Quand on m'a demandé "pourquoi?", j'ai encore réfléchi, et j'ai dit que je n'arrivais plus à penser. Alors je n'ai pas répondu, pas plus loin. J'ai juste dit que je n'arrivais plus à parler, à personne. Que oui je voulais parler, que oui je me sentais seule, mais que oui j'avais peur des autres. Alors j'ai confirmé.
J'ai dit que oui je m'isolais, que je le savais, que je savais que ce n'était pas bien. Et finalement, j'ai dit que le pire c'était que je m'en foutais. J'ai dit que je ne savais plus rler et que j'avais peur de sortir. J'ai dit que j'avais l'impression que ma vie n'était que du gâchis et qu'elle n'avait aucun sens. J'ai dit, et la voix anonyme au téléphone n'a pas su quoi répondre. Alors j'ai demandé si elle voulait que je raccroche, et j'ai racroché. Et je n'ai pas pu pleurer. J'ai juste pu ne rien faire, rester figée. Sans parler, sans trouver plus de mots. Comme si j'avais vu un fantôme. En me disant que le fantôme que j'avais vu, c'était mon reflet dans la glace.
Encore une fois, où est le problème ? Je vais bien.

Ce n'est pas moi qui le dis. Et alors ? C'est ceux qui décident qui a le droit d'avoir des problèmes ou non, ils ont décidé que je n'étais pas dans leur priorité. Ils ont décidé que comme je n'avais pas d'enfants, que comme je n'avais ni frères ni soeurs, j'allais bien. Et je n'avais pas besoin.
Ils ont dit "vous n'avez pas été placée" et ils ont barré toutes les portes encore à demi entr'ouvertes. Mais je n'ai pas de problème. Je vais bien. Pour l'institution. Et le reste, ce n'est pas leur problème. Juste celui des critères d'attribution des bourses.

J'ai envie de leur dire que je suis fatiguée de me battre avec eux parce qu'ils n'ont pas fait leur boulot quand il fallait. Et ils vont me dire que je n'ai pas besoin de me battre, puisque je n'ai pas de problème. Puisque je vais bien.
J'en ai par-dessus la tête, je crois.

Na 'ste kala !.. Portez-vous bien. Ou crevez, mais surtout faites en sorte qu'on ne le sache pas. 

Comments

[elodie]

n'hesites pas, je suis là ptite soeurette...Accroches toi...

[sapho89]

Mais non , ta vie n'as pas aucun sens , disons juste que ele n'as pas un sens clair ...c'est toi qui l'as construit....oui , ces gens st chiants, de toute maniere, le systeme a un curieux sens dde l'humain, juste histoire de se montrer sous un beau masque...
Tu n'est pas seule , sort de chez toi, ou ort en restant chez toi, n'ai pas peur, les gens ne sont pas mechants..Enfin ce sont des conseils pas des ordres , jsais bien a quel point c'est chiant, ce qui pensent savoir mieux que toi