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... Lénouche ...
30 décembre 2006

la roulette russe

pcuira10

Il y a des choses qu'on ne dit pas. Pas parce qu'on ne veut pas. Parce qu'on ne le doit pas. Il ne faut pas. Ce n'est pas "la norme".

Si on veut mourir , on peut crever, mais ne pas prévenir avant.
Ce soir, j'ai voulu pleurer. Rien n'est sorti.
J'ai pris un bain, j'étais gelée dans l'eau brûlante, comme paralysée physiquement. En boule, j'avais froid. Ne plus oser bouger, et puis se plonger dans l'eau d'un seul coup. Et rester sous l'eau. Jusqu'à ressortir la tête en suffoquant.

L'eau remplace les larmes qui ne coulent pas.

Je repense à la vie. A ma vie. Au trucs chouettes, qui sont assombris par les moins chouettes. Je revis la douleur, en boule par terre. Parce que je la ressens encore. Et que j'en crève.
Parce que je m'acharne jusqu'à l'épuisement et que tout est toujours pareil.

J'ai mal. Ca non plus on ne doit pas le dire. Alors on le cache. Putain, putain de lame. Putain de bras. J'ai lavé la baignoire, pas les blessures. Les blessures, je m'en fous.

Putain de famille. Je ne voulais pas naître, je ne voulais pas vivre ça.

A neuf ans, j'ai compris le principe de la roulette russe. J'avais un flingue pointé sur la tempe, et les mots qui résonnaient. "Je tire, s'il y a une balle tu meurs, sinon tu e récompenses de t'avoir laissée en vie". Alors je pensais pourvu qu'il y ait une balle.
Mais ce putain de flingue tirait toujours dans le vide, il n'étais jamais chargé, JAMAIS. Et moi j'attendais que la balle parte et me tue. J'attendais de ne plus rien sentir, de ne plus avoir mal. J'attendais que CA s'arrête. Mais ça ne s'arrêtait jamais.
Ca marchait bien la roulette russe. Je crevais de trouille à l'idée que la balle parte. J'avais encore plus peur qu'elle ne parte pas. J'étais liquéfiée par la peur, tirée jusqu'à la limite extrême juste avant celle qui 'aurait tuée.

Tire, mais tire. Pars maudite balle. Je fermais les yeux à me faire mal aux paupières, je pensais à nono, mon ours en peluche. Et j'entendais le clic, et j'étais toujours en vie. Et je me disais merde. Et je récompensais sa pitié et son indulgence.

Les blessures au niveau des parties génitales. Au début, ça allait. La cire chaude, c'était encore supportable. Et puis il y a eu l'insoutenable qui marque à vie, à tous les sens du terme. Les brûlures, les vraies. Celle qui empêchent de se tenir debout, assise ou couchée. Celles qui font mal pendant des jours et que personne ne voit.
Il y a eu les mutilations. L'indescriptible. L'insupportable. Se mordre la langue au sang pour ne pas crier, ne pas pleurer. Et rester paralysée de douleur, de souffrance. Et supporter le viol "après". Et ça, c'était rien par rapport à l'"avant.

Oui, le viol devenait le moins pire. Et j'attendais la balle qui me tuerait. Et je rêvais de sauter par la fenêtre, et je tournais sur moi-même jusqu'à m'effondrer par terre ivre de douleur et de détresse.

La vie, c'est resté la roulette russe. Une chance sur six, on tourne le barillet. Si on a de la chance, on a juste eu peur. Sinon, on se prend un coup et on tombe.

J'ai plus une tune, et je ne peux pas en demander. Et je n'en demanderai pas. Je ferai sans, jusqu'à... Jusqu'à quand?

Envie de vomir. De dégueuler la haine et la souffrance, de dégueuler le désespoir et les appels au secours avant qu'ils ne me fassent imploser. Envie de gueuler J'AI MAL. J'EN CREVE.
Ivre d'une ivresse qui abat.

Injustice. Envie de gueuler injuste. Mais on ne peut pas faire contre.

Taper dans l'oreiller. Frapper partout, tout casser, soi-même aussi. Plus rien à foutre.

Voilà, la roulette russe. Ca passe, ou ça casse.

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Commentaires
E
Il est 2h52 et je ne dors pas. Et je lis ta reponse à mon commentaire. Je comprends ce silence, en même temps c'est dur de trouver des mots, ils manquent un peu devant tant de torture. Et la torture revient torturer, comment ne pas avoir envie de pleurer, comment ne pas être en colère et desespérée. Et j'imagine la peur d'aller en parler à quelqu'un, même un psy, ce manque de mots, la peur de la reaction et la douleur, encore. Dur aussi de devoir se debrouiller seule tout le temps, je suis passée par là, ca fait enrager car ils ne sont pas là, jamais là ou alors s'incruste tout à coup pour parler de tout sauf de leur gosse. On ne le dit pas à la terre entière pourtant ca donne envie de hurler, tout le temps. C'est loin d'être simple. Tous les pourquoi remontent et l'injustice surtout...Déjà dur d'encaisser la souffrance d'un passé douloureux pour en plus devoir subir l'absence de parents. C'est vrai, c'est dur de se construire sans le moindre repère, toujours dans la demerde mais la force, ou la trouver quand on est déjà epuisee de devoir se souvenir? <br /> Je suis là tite soeur, pour le moindre problème, je sais que c'est dur pour toi de parler en ce moment mais je te tends la main. SI pb dans la vie de tous les jours, papiers pb d'argent et autre n'hesites pas envoies un texto. Je sais à quel point ca peut etre dur de realiser que l'on peut compter que sur soi parfois alors que le "soi" est deja sans force. C'est eprouvant mais surtout si besoin de parler, je suis sur msn ou même au tel mais je sais que c'est dur pour toi. J'aimerais bien que l'on se voit, tu sais que tu peux venir chez moi quand tu veux, pour toi c'est peut etre difficile en ce moment. Sinon je pourrais passer te voir mais après mes exams...tiens bon soeurette...bisous elodie
S
Tout a fait d'accord avec ta "grande soeur" lol, en fait je pense que notre vie se joue un peu a la roulette russe , en fait le debut urtout, et toi t'est tobé sur un mauvais début de vie, mais ta vie entiere ne le sera surement pas, elle sera surement bonne de merveilleuses choses , je ne dis pas qu'un jour il disparaitra mais sans lui tu peux vivre et lui montrer a cet ordure qu'elle magnifique femme pleine de talent tu deviendra lui qui voulait te laisser enfant.<br /> <br /> Mais la mutillation n'est surement pas la meilleure choses a faire, tu te fais souffrir et ton corps surtout a lors qu'il n'as rien fait, c'est lui contre qui tu te dois te battre et mêm si il ezst mort , tu peux aussi t'investir a fond dans une association contre l'inceste pour luytter contre ce qui se passe maintenant qui vivent la m^me chose que toi..................au fait t'ant fais ce que tu veux mais jsuis sur paris toute la semaine prochaine jusqu'as dimanche, si t'as envie d'un peu d'amour et de quelqu'un a qui parler, jsuis la!!
L
Merci grande soeur.... J'ai toujours envie de pleurer, toujours mal, toujours sans recours... Toujours impossible de parler, je bloque. <br /> <br /> Mais la p'tite soeur, elle aimerait bien dire un truc à le grande... Qu'elle aimerait bien la voir .... <br /> <br /> Bisous, <br /> H.
E
comment peut on jouer comme cela avec une petite fille et la faire autant souffrir?... Je comprends ta colère, elle est legitime. Pourtant tu n'es pas coupable dans tous les sens du terme mais ca tu le sais.Enfin en même temps, je peux comprendre a quel point ca peut ronger, surtout quand ca revient inlassablement. Une solution pour faire taire le tout, se faire mal, ce n'est pas une solution d'ailleurs, juste ce que l'on trouve pour s'apaiser sur le moment. C'est passager. Il faut que tu te dises que c'était la crise, surtout que ta mère en a rajouté une couche...la crise n'est pas eternelle, heureusement. Dans quelques temps, tu iras sans doute mieux en tout cas je te le souhaite, à l'aube de la nouvelle année. Je t'embrasse et n'oublies pas que ta soeurette sera toujours la pour t'aider, pour discuter de près ou de loin et à n'importe quelle heure...<br /> a+ elo
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