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... Lénouche ...
26 décembre 2006

bribes de rien et de tout

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Ce ne sont que des bribes qui reviennent finalement entre les larmes. Qui reviennent à noël parce que tous sont en famille. Parce qu'on ne ressent que plus le manque, l'absence et le rejet.

L'absence fait mal, mais elle est encore plus douloureuse quand les absents sont présents, aveugles et sourds.

C'était quoi, au fond, ma vie d'avant?

Une gamine qui courait dans sa chambre dans un recoin derrière le lit pour échapper aux hurlements, une gamine qui pleurait.
Je revois cette gamine, un jour. Assise sur une chaise au milieu de sa chambre, les pieds dans le vide. Les larmes sur les joues mais les sanglots silencieux.
Je revois cette gamine qui a cinq ans à peine avait déjà peur de l'abandon, parce qu'on lui avait dit qu'on allait la vendre. Je revois cette gamine qui avait peur d'être séparée de ceux qu'elle aimait et qui ne lui rendaient rien.

Et je vois aujourd'hui cette gamine qui grandit et qui souffre comme ce n'est pas permis. A en crever.

Je revois encore cette gamine qui descendait au tabac la nuit, terorisée dans le grand ascenceur. Elle demandait deux paquets de gauloises et elle remontait en courant, parce que la mère était trop fatiguée pour ressortir après la journée de travail.
Cette même gamine qu'on envoyait au monoprix et qui remontait parfois avec des sacs aussi gros, aussi lourds qu'elle.

Et puis il y a eu la brisure. Des cicatrices qui restent et ne s'effaceront jamais, à tous les sens du terme. On appelle ça mutilation, je crois. Ou torture. Je m'en fous du nom. Je m'en fous, oui. Je sais juste que c'est inscrit, ces cicatrices.
Je sais juste que je ne pourrai plus m'ouvrir, parce que je ne veux pas qu'on les voie. Je sais juste.

Je voudrais appeler, je voudrais parler, une épaule pour pleurer je crois. Envie de vomir, et pourtant pour vomir quoi? L'angoisse? La douleur ? Les deux ?

Noël rappelle l'absence. Noël rappelle la honte d'être de cette famille. Noël rappelle et réveille les vieux souvenirs enfouis.

Je n'avais pas le droit de naître, je n'aurais pas dû. Voilà les pensées, les seules.
Je n'arrive plus à trouver ma place. Chez moi nulle part , parce pas de chez moi. Pas de famille, juste ce manque, ce manque de tout.

On m'a dit il y a un an "tu as largement porté ta croix", mais c'est comme si la croix s'alourdissait de jour en jour. Comme si je portais un sac de souffrance aussi lourd qu'un sac de briques et qui se remplissait, toujours un peu plus.

Je n'y arrive pas, non, je n'y arrive pas. Pas à faire le deuil de la famille.
Pas à me faire à l'idée que les "maman" ne veulent rien dire et résonnent dans le vide.

Quand je vois les joies de noël, je me dis si seulement. C'est égoïste, je sais. Mais je me dis si seulement je pouvais vivre, ressentir comme eux. Si seulement je pouvais être de leur famille. Etre aimée, entourée.

J'entends la joie autour de moi, j'entends la chaleur et la lumière, et je reste finalement à la reste dans le froid.

Alors oui, si seulement.

Peut-on avoir honte d'être né dans sa famille? Peut-on avoir honte d'être ce qu'on est?
Comment trouver sa place quand on essaie de la creuser tout en se rendant compte que personne n'a jamais voulu nous la donner.

Il y a tous les autres, oui. Mais il manque eux. Il manque l'absence.

Et il y a l'indescriptible souffrance qui envahit jusque le bout des digts qui tapent sur le clavier.

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