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... Lénouche ...
24 décembre 2006

Les masques du bonheur.

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Le sapin brille dans le salon.
Les larmes brillent aussi sur le bord des yeux.

Les larmes se cachent pour ne pas couler et ne pas gâcher la fête, pour ne pas faire retomber les rires et les exclamation.

Les cadeaux entassés sous le sapin. Pour eux , pour moi , pour qui? Je ne sais pas.
Je n'en veux pas, noël ne m'en a jamais fait.
J'en ai acheté, mais ce ne sont que des choses. Pas des cadeaux. Juste ds objets emballés sous du papier. Mon seul cadeau ne sera jamais là. Ne pas être l'étrangère, celle qui.

Je ne veux rien. Ni foie gras, ni gibier. Ni bûche. Rien. Je n'ai pas faim, juste envie de vomir.

Je suis malade. Les larmes, trop difficiles à refouler.

Malade de souvenirs, malade dans le corps et le coeur.

Avant, noël restait une sorte de fête. Mon noël, c'était les loupiotes dans la rue. Maintenant, je me dis qu'elles ne sont là que pour ceux qui font encore la fête.
Je ne veux rien faire, alors je souris sous les larmes pour ne pas tout gâcher.

24 décembre 1995. Date de la mort.
Jour où le coeur s'est cassé en deux, et où le corps s'est disloqué en mille morceaux.

Jour où le serpent est apparu, où il m'a saignée, où j'ai saigné, où il a craché son venin pervers. Qui s'infiltre partout, dans les sentiments et dans le physique.

24 décembre 2006, 21h48.

Onze ans , déjà. Et pourtant, toujours pareil. Rien n'a changé, toujours peur et toujours mal.

Il y a les apparats, les décos. Et les blessures qui ressortent, les déchirures et les plaies qui se réouvrent. Non, je n'aime pas noël. Non, je ne veux pas de cette date.

Fatiguée, envie de dormir.

Envie d'être seule et pourant trop seule, même entourée. Parce que je suis ailleurs. Loin de la fête, loin de la joie. Loin de tout.

Les larmes coulent, toujours en se cachant. Elles scintillent comme le sapin. Lui, il montre la joie de la fête. Les larmes montrent la douleur de la mort.

De l'enfant qui n'est plus et n'a jamais été. D'une enfance qui se cherche dans la tête d'une ado-ulte de 19 ans.

Les larmes de ce qui est perdu, d'un deuil qui ne se fait pas. On n'enterre pas les vivants. On n'insulte pas les morts. On ne condamne pas les ombres, ceux qui deviennent ombres tant leur absence pèse, tant leur absence devient présente tellement elle est lourde.
On ne juge pas les fantômes et les silences.

On n'oublie pas. On n'oublie pas la souffrance, on n'oublie pas la terreur et l'angoisse, la honte et l'humiliation.
Je voudrais prendre mon téléphone, mais pour appeler qui ? Ceux qui font la fête pour la leur gâcher? Non. Je me tairai, sans appeler. J'écrirai, juste.
Entre les larmes.

Je courrai dans ma tête et j'irai cracher sur leur tombes, celles des morts et des vivants. Les vraies et les fictives, qui se sont façonnées à force de rejet et d'abandon.
Mais la haine et la souffrance resteront, parce qu'elles pourrissent les chairs et l'intérieur du corps.

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