Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
... Lénouche ...
9 octobre 2006

les photos

souk_du_caire

Je ne sais pas trop par où commencer parce que je voudrais dire, tout... La nostalgie, les images, tout. Alors je trouve que la chanson exprime bien ce "tout"... (suite de mes réflexions métaphysico-existencielles après le texte).

benabar_toulis

Les épices du souk du Caire.

Un bébé encadré sur une étagère, un souvenir de vacances, un anniversaire. Une fille qui sourit coincée dans un sous-verre, un cadre fantaisie, un bord de mer, et personne ne bouge dans la tribu des yeux rouges, tous différents, les mêmes photos pourtant

... Les grands derrière, les p'tits devant.

Quelques photos de couple exposées comme des preuves, des photos de groupe, des amis qu'on punaise. On vérifie d'ailleurs l'air de rien chez les autres, qu'on fait partie des leurs, qu'a côté de leurs têtes y'a la nôtre. Sur la cheminée du salon des grands-parents, le casting tout entier de tous les p'tits enfants

... Les grands derrière, les p'tits devant.

Les albums familiaux sont les manuels d'histoire, qu'on regarde jamais, qu'on réserve au placard. Quand il était jeune, quand t'étais petit, quand elle était enceinte, quand ils étaient en vie. Portraits de fin d'année des gosses trop bien peignés, on dirait vraiment qu'ils ont mangé du ciment

... Les grands derrière, les p'tits devant.

La photo censurée, elle s'y trouvait pas belle, aussitôt développée, direct à la poubelle. Mignonne en paréo au retour de la plage, elle enlèvera pas le haut, c'est dommage. Le portrait qui fait rire du permis de conduire, celui qui fait peur, qu'est-ce que c'est qu'cette coiffure ? Qu'elles soient en couleur ou bien en noir et blanc, on fait tous, quelle horreur ! les mêmes photos tout l'temps

... Les grands derrière, les p'tits devant.

Qu'est-ce qui nous pousse au fond à refaire à la chaîne, tous les mêmes photos qu'on a vu par centaines,

des photos de monuments qui sont jamais très belles, mais c'est nous qui l'a fait c'est pas la carte postale. Les photos de voyage à l'autre bout de la terre, les mêmes paysages, des mêmes belvédères . Nous sur un chameau, nous au ski en hiver, re-nous sur un bateau, et les épices du souk du Caire. Re-re-nous à Pâques, y'a deux ans déjà, re-re-re-nous à la Toussaint à côté d'Etretat . C'est vrai qu'on voit pas bien, que la photo est mauvaise, mais par la salle de bain je te jure on devinait les falaises ! Et ces photos souvenirs qu'on stocke acharnés pour pas qu'on puisse nous dire qu'on a pas profité. Rangées dans un tiroir celles qu'on veut plus voir et classées dans des livres des photos d'archives. J'ai encore jamais vu et ça chez personne, sa copine toute nue au dessus du téléphone, la photo d' son patron dans aucun salon, mais des vues de bords de mer, ah ça putain on sait l' faire ! Qu'on les range en vrac, qu'on les colle au mur, au fond d'un portefeuille ou dans un disque dur. Au fin fond de la Creuse, à Paris 16ème, on prend les mêmes poses, nos photos sont les mêmes. Qu'on soit le frère, la soeur, les parents, la tante, toujours les mêmes photos, mates ou brillantes. Des images inutiles sur toutes les vieilles pierres, le Mont-Saint-Michel, et les épices du souk du Caire...

Bénabar, reprise des négociations.

Voilà, c'est exactement ça. La vie en photo, dans des cadres. La musique dans des CD's, et finalement la chanson qui ne sort jamais de sa boîte... Et finalement, tout qui est comme ça. Tout carré, encadré, pas un poil qui dépasse, sur pas, surtout jamais, tout doit être bien bien, l'affiche ne doit pas pencher, le tableau doit être accroché bien parallèle au sol, et on perd tout, on perd l'être, l'originalité, le "moi", l'humanité... On reste entourés de trop-parfait, sauf que, sauf que, le parfait n'existe pas dans l'être, et encore moins dans la vie.

Alors pourquoi. Pourquoi ce post. Eh ben parce que.
Bénabar, c'est un chanteur que j'aime bien. Certains diront qu'il n'a pas la voix, d'autres diront qu'il chante mal. Ces certains et ces autres pensent ce qu'ils veulent, moi m'en fous, la musique me transporte, les paroles me font rire, ou pleurer... Parce qu'elles sont vraies, tellement vraies...
Impossible de faire le répertoire de tout. Juste ça raconte la vie, la vraie. Avec un regard rieur, ironique sur les trucs les plus chiants... Et surtout tellement réaliste... "on appelle, on s'excuse, on improvise, on trouve quelqu' chose, on a qu'à dire à tes amis qu'on les aime pas et puis tant pis"... Qui n'a jamais pensé ça? Et qui a déjà osé le dire et le formuler? Faites le compte, le résultat de la soustraction doit être assez impressionant.
Alors voilà, dire. Avec des mots simples, les choses que tout le monde pense tout bas et que personne n'ose prononcer parce que ce n'est pas politiquement correct. Je hais le politiquement correct....

Et Bénabar en concert, c'est énorme, pour ça... Parce qu'il ose, il dit devant je-sais-pas-combien-de-personnes, parce que je me retrouve et parce que j'arrive à me dire "je suis", "j'existe", parce que j'ai l'impression de m'entendre parler parfois, parce qu'en chantant dans ma tête (oui à haute voix c'est à éviter si on veut préserver un rayon de soleil) j'arrive à découvrir mon moi, et parce que je suis transportée...
Finalement, le concert se termine toujours, chacun retourne à sa vie et à ses activités, et il reste le souvenir du moment passé. Et on n'oublie pas, on se remémorre, et on se dit "vivement la prochaine"... Et au fond de soi, il reste toujours le petit quelque chose qui fait qu'on a osé dire non aux affiches bien droites et qu'on a osé dire oui aux tableaux bancals, qu'on a osé afficher sa tête qui sort du lit qui est scotchée sur la photo, qu'on a osé laisser des cheveux dépasser de la coiffure que tout le monde voudrait parfaite (et je ne dis absolument pas ça parce que j'ai toujours les cheveux en pétard et dans tous les sens ^^)... Et voilà, c'est ça qui est génial...

Et les épices du souk du Caire... Bien loin des étagères. Les parfums, les odeurs, la vie, la vraie, la nature humaine, celle que je recherche et que tout le monde refoule.

Et les grands derrière, les p'tits devant... Mais on n'avance plus bien alignés en file.

Et les épices du souk du Caire... Et pourquoi le besoin de se prendre dans toutes les situations...? Pourquoi le besoin des souvenirs, pour raconter aux hypothétiques petits enfants?

Et les épices du souk du Caire, et ne pas hésiter à se prendre dans des poses débiles, merde, se lacher...

Et les épices du souk du Caire... Et les épices du souk du Caire.

Publicité
Commentaires
... Lénouche ...
Publicité
Archives
Derniers commentaires
Publicité