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... Lénouche ...
29 juillet 2006

entre deux cartons

monte_meuble

[il y a ceux qui font de porte-bouteilles des oeuvres d'art, moi je porte ma vie en laissant derrière moi un art sans oeuvre.]
Hélène.

Déménager, c'est tout un art. L'art de savoir équilibrer, empiler, scotcher, trier, jeter.

Remettre les CD's dans les boîtes correspondantes, emballer les bouquins, en essayant de les répartir équitablement dans les cartons pour ne pas se tuer le dos et les doigts en les descendant. Quatre cartons, une bibliothèque et demie et toujours l'insoluble question  que faire des dictionnaires et comment les transporter ?
Descendre en catastrophe acheter le journal pour pouvoir emballer les petites-choses-fragiles (parfois aussi les grandes). Le Monde, c'est de l'arnaque pour les déménageurs. C'est trop condensé, le lecteur il y trouve plein de trucs, mais le déménageur il manque de feuilles de papier. L'yonne, elle délaye, c'est écrit gros. Et elle a des grandes pages, bon rapport qualité prix pour un truc qui va finir à la poubelle, THE arnaque pour ceux qui s'en contentent, à moins de rafoler des soirées tartines de beurre.
Brefouille, remonter avec les journaux, et continuer à emballer et à remplir des sacs poubelles de trucs à jeter, et à ne pas jeter. Risque de confusion au moment de les jeter, attention.

Emballage des bouquins, un peu à regret. Tri des stylos, des papiers, des vieux cours. Difficile de se séparer des années lycées, qu'on a pourtant tant détestées. Il est bizarre, l'être humain.
La tristesse aussi a trouvé sa place dans les cartons, entre les papiers, glissée sous le gros scotch marron arraché avec les dents et qui se tordait quand j'essayais de fermer les fameux cartons. Comme si. Comme si je ne sais pas quoi. Faire comme si.

Des fois, quand je suis triste, je fais le ménage. Des fois, je vais boire un verre en restant l'invisible. Malgré les sourires du serveur de Maître Kanter qui doit commencer à me connaître, je reste l'invisible. En moi. Je suis ma propre invisible, l'invisible de mon être et de moi-même.
Des fois, je me cale. Et j'écoute de la musique avec ma boule de poils de onze livres sur les genoux. De la musique triste, comme ce soir. Je découvre le tango, c'est joli. Mais ça me fait mal. Peut-être parce que j'ai déjà mal. Peut-être parce qu'il y a trop de choses dans la musique. Le chat, lui il dort, il ronronne, il grouique de temps en temps. Onze livres, onze livres de réconfort, les seuls qu'on ne pourra jamais lire. Mais non, il n'est pas gros, il est énorme mais il a juste une taille respectable.

C'est dur de quitter l'appart' de la liberté. C'est dur de partir, dans un sens. Ca fait peur.
L'autre jour -hier- , je me suis souvenue d'un truc de quand j'étais en CM1. Une chanson, qu'on avait fait en espagnol, avec la courageuse prof qui essayait de nous enseigner les bases de la langue tous les vendredis aprem'. Cette chanson, c'est pas du tout mon genre de musique, c'est tout ce que je déteste, et pourtant je l'aime. Parce qu'en elle, elle représentait la liberté. Parce que c'est ce qui 'a le plus marquée de mes cours d'espagnol. Il y avait l'amie, et ses parents. Un soir au quick, ou au mc do. Je me souviens, on récitait les noms d'animaux en espagnol et on chantait la chanson. El caballo, el pez rojo. Je crois. Un, dos, tres, un pasito palante maria, un pasito patras... [phonétique]. Je n'ai plus jamais refait d'espagnol depuis. Elle, elle s'est dirigée vers la fac of THE langue. Mais elle ne se souvient sûrement pas de ce soir.
A la vuelca de la casa me encontar con pinocchio [phonétique, toujours]. Les seuls souvenirs de la liberté.
L'amie, quelques mots. Et une soirée en souvenir. Les vendredis après-midi.

J'ai descendu les poubelles. Mais j'ai oublié de jeter la tristesse et la prison. Pourtant, c'était épique. En chaussettes, évidemment. Les six sacs poubelles d'un coup, évidemment aussi, parce que pas envie de remonter pour aller chercher la suite.
La porte qui coince, évidemment. Et la flaque d'eau dans laquelle j'ai mis le pied en allant jusqu'aux poubelles. Parce que pas pensé qu'il pleuvait. Les poubelles qui étaient pleines, maintenant elles le sont encore plus.

Voilà. Bilan. De rien. Et de tout. C'est peut-être ça la vie. Des souvenirs, un quotidien qui s'envole dans les poubelles.
Chouette, le réparateur est passé j'ai à nouveau de l'eau chaude après dix jours. Mince, je pars bientôt, je ne vais pas en profiter.
Ironie du sort.

Ce n'est pas ça que je veux.

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