balle de ping pong
Tout est parti du conseil général. Renvoyée à l'inspection, qui me renvoie vers l'assistante sociale scolaire. Qui elle-même me renvoie de nouveau au conseil général, qui cette fois me renvoie vers la mission locale qui est injoignable. J'en suis là.
Si je n'étais pas à bout de forces, je crois que j'en rirais. Pour ne pas en pleurer. Parcours du combattant, ça ressemble un peu à ça. Difficile de ne pas se décourager, impression qu'on se fout de ma gueule. Et évidemment, raconter mon histoire à chaque fois. Un peu plus de douleur à chaque fois, un peu plusde crises d'angoisse. Mais c'est pas grave, ça au fond ils s'en foutent. Je ne suis qu'une jeune paumée parmis tant d'autres. Je ne suis qu'un dossier, qu'une jeune dans la merde. Une jeune qui n'a pas été placée et pour laquelle on ne peut rien faire. Délit de silence, une fois de plus.
Envie de laisser tomber. Je ne redirai pas ma vie une fois de plus, parce que je ne peux plus. Je ne suis pas une machine, je ne suis pas un robot capable de redire dix fois la même chose parce qu'ils ne font pas leur boulot correctement. Parce que je dois passer devant dix personnes avant de tomber sur la bonne. Je suis humaine merde, je suis humaine. Je ressens. Et j'ai mal de devoir dire et redire.
Non, je ne raconterai pas mon histoire une fois de plus. Après tout, puisque je ne suis qu'un dossier, ils n'auront qu'à le lire mon dossier. C'est aussi leur boulot de comprendre que je suis à bout de force, à bout de souffle.
Impression que leur but, c'est de tout faire retomber dans l'oubli. Ils comprennent à l'envers, comme ça les arrange. "Vos problèmes de santé ont été la cause de vos problèmes familiaux". Merci pour votre écoute, c'est exactement le contraire. S'ils ne comprennent pas ça, ils ne comprennent rien. Et je raconte pour rien.
"Il faudra que vous redisiez votre histoire une fois de plus, mais c'est pas grave vous en êtes capable". Non, c'est pas grave. C'est juste en train de me tuer mais c'est pas grave. Vive l'aide sociale!