les mots

Des mots prononcés sans conviction. Les dialogues de sours plaisent aux autres. Il n'y a que nous que ça blesse.
Conserver les apparences, à tout prix. Atteindre la transparence au bout du compte.
Les doigts effleurent des scènes de vie quand les yeux se voilent des larmes de la nuit.
D'une nuit qui s'évade dans le froid de l'hiver.

La nuit libère les rêves. Elle libère aussi les monstres.
On y voit ce qu'on ne veut pas voir, on y rencontre ce qu'on ne voudrait pas connaître.

Une gosse qui court inexorablement mais qui ne peut pas bouger.
Une ombre qui la rattrape inlassablement.
Le haut d'un immeuble d'où elle voudrait sauter. Et en bas, la rue. Les voitures qui passent et qui klaxonnent. Et qui ramène à la vie, malgré tout.
Elle voudrait y plonger, on l'en empêche. Alors elle se confond avec les autres sans pouvoir exister.
Ni être.

Pas d'être.
Pas de personne.
Rien.
Un cri, juste un cri qui reste coincé.
Juste un non, un nom qui implose à l'intérieur d'un corps meurtri.

Un non qui n'est jamais sorti.
Un dont les lettres sont emmêlées. Disloquées.

Les mots sont barrés. Ils hurlent, ils blessent. Ils poignardent.
Mais ils sont muets dans la bouche qui veut les dire.

Les mots de la nuits sont les mots du silence. On dit que le silence est calme. Pour les autres, oui.
Ce silence a retiré le sommeil de trop de nuits.

Murmure.
Souffle.
Pour éviter l'asphixie.

Hélène.