le meurtrier
Parce que certains ont les mots qu'il faut ....
Le dessin est de moi, le poème d'Aragon.
Le meurtrier se souvient comme le feu des feuilles
Comme le vent des portes
Le meurtrier se souvient du bras et de l'oeil
Du geste et de la force
Ah ce jour d'arbre humilié jusqu'au front
L'âme qu'on tire de lécorce
Le grand pouvoir d'anéantir Ce fut brisé
Le meurtrier se souvient de ce qui fut pour lui seul
Puisque l'autre est mort ou que l'autre est morte
Il n'y a pas de vin plus soûl que le secret
Il n'y a pas plus grand'merveille qu'à savoir sans partage
Et celui-là qui fait mourir sa vie après
Sa veille sans remord en plein conscience
Je t'envie asassin mon frère par le sang
Pour tout ce temps muet à revivre ton crime
Pour ce refuge en toi d'écarlate et de cris
Etouffés
Pour ce théâtre palpitant en quoi toute maison se transforme si tu
T'y enfermes
[...]
Aragon, Les chambres : poème de temps qui ne passe pas.